lundi 14 janvier 2013

"Le chat ne ronronnait plus..."


Et pourquoi donc?


L'ambiance d'igloo, de fin du monde enseveli sous des tonnes de neige est peu en accord avec le caractère félin, épris de liberté et d'autonomie.


Ce chat est extrait encore une fois d'un de mes textes :  "PARADIS BLANC", dont je vous offre la lecture ou la relecture,


(en me permettant de vous rappeler,  à tous et à chacun, que mon recueil "Terre d'enfance" est disponible sur le site d'Amazon.fr au même titre, ainsi que dans les librairies Calligram' à Mazamet, Guillot à Albi, la boutique Kedubo à Mazamet et l'atelier Marie-Dominique au monastère de Prouilhe-Fanjeaux).


A l'instar de ce qu'il risque de nous arriver dans les prochains jours, il y est question d'engloutissement, d'enfouissement, d'hibernation, mais en douceur, sans froid ou gel.


Peut-être, enfant, avez-vous connu ces sensations et peut-être regrettez-vous la douce lumière d'un jaune si chaud contre les ténèbres des coins de la pièce, de la lampe à pétrole, régnant sur la table à chaque coupure d'électricité.



 PARADIS BLANC

Cela faisait douze jours qu’il faisait nuit.
Cela faisait dix jours qu’il neigeait.
On ne savait pas s’il faisait vraiment nuit ou bien si la neige avait tout englouti.
Chacun s’était enfoui au fond de son lit, sous un mille feuille de couvertures, de plaids et d’édredons, en
hibernation forcée.
Le chat ne ronronnait plus. Plus de souris, plus de lézard.
Au fond de ses yeux, la nuit, encore plus noire.
La radio s’était arrêtée. Plus de nouvelles, plus de bruits.
Des l lampes à pétrole brûlaient ça et là ,parcimonieusement.
Il y avait encore les valises et les cartons de mon oncle.
Un désordre d’affaires, un dédale de couloirs, de différentes odeurs, mais plus pour longtemps, puisque la
neige avait quasiment tout englouti.
Des fissures apparaissaient, jamais vues.
J’avais entendu mon père prévenir : cela peut durer des mois. Après : le déluge. La grisaille d’abord, puis la boue en plein soleil.
Soudain, une voix traverse le sommeil, oscille à la surface.
C’est l’heure. Lève-toi.
Il ne faut pas se retarder, il a neigé toute la nuit…
Mais… j’ai rêvé…
Me lever… Je me renfonce au creux de mon lit, sous la moustiquaire, me rendors et me remets à errer dans
diverses maisons, toujours les mêmes, chaudes, aérées, éclairées, avec piscine, fraîches, ensoleillées, flamboyantes, mais en travaux : toit ouvert en réfection, terrasses en construction, escaliers en béton. Des bâches couvrent et protègent l’essentiel, les lits, les meubles, les fauteuils et quelques vieux tableaux.
J’étouffe, me débats; le chat saute sur le lit !
Une douce voix oscille à mon oreille docile. Mes cils
s’entrouvrent.
"Voilà, voilà ! J’arrive !
Il fait déjà si chaud…"

******

Trêve de souvenirs, plus ou moins nostalgiques...

Je souhaitais vous faire découvrir un petit livre, sous l'étiquette bien discutable de "littérature jeunesse", de Jean Joubert, anciennement professeur de littérature anglo-américaine à la faculté de Montpellier , écrivain et poète : 


En février 2006, des expériences dans la zone polaire provoquent une gigantesque tempête qui ensevelit l'hémisphère nord sous plusieurs mètres de neige, paralysant toute activité. Quelques années plus tard, un jeune homme, Simon, raconte la longue lutte pour la survie matérielle et spirituelle qu'il a menée avec sa famille, dans leur chalet des Alpes, au cœur de ce déluge blanc.
Dans leur arche perdue, le père, la mère et les deux enfants affrontent de multiples périls, la solitude, la peur, parfois l'angoisse, mais finalement c'est l'ingéniosité et l'espoir qui l'emportent. Ils réinventent des gestes ancestraux qu'ils croyaient oubliés. Auprès d'eux, leurs animaux familiers les aident, de diverses manières, à surmonter l'épreuve. Dans les livres qui les entourent, et dont le père lit chaque soir quelques pages au coin du feu, ils puisent aussi des leçons d'amour et de courage. 

Roman d'anticipation, récit d'aventure, fable écologique, ce livre est aussi une méditation sur la fragilité du monde où nous vivons, et comme un manuel de survie pour les futurs naufragés de la société industrielle.


Ce petit livre m'a beaucoup marquée, et ce, récemment (enfin...il y a 18 ans, n'est-ce pas Simon...??).

Je vous propose quelques extraits:


"Les mots devenaient notre seule ouverture : ils étaient comme des fenêtres et des trouées dans la muraille de neige."


"Oui c'était un autre monde, nivelé, simplifié, et sous cette vaste étendue blanche que la tempête avait modelé comme une houle, j'avais de la peine à situer le jardin, le pré, la route ou, plus loin, les crêtes et les vallées qui m'étaient familières. Au-dessus pesait un ciel bas, uniformément gris, mais comme phosphorescent. Le soleil restait invisible. Il n'y avait ,dans l'air immobile, aucun signe de vie.
Consternés, nous regardions cette masse de nuages, semblable à une meule prête à nous broyer, et je pensais que si elle présageait une autre tempête, nous risquions cette fois d'être tout à fait ensevelis.
Je comprenais aussi que c'est dans le dénuement que l'on sent tout le prix des choses les plus simples et combien leur absence nous appauvrit."

 POURVU 


QUE


J' AI  RÊVÉ...


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