vendredi 25 janvier 2013

AU COEUR DE "TERRE D'ENFANCE"...



Dans mon recueil, il est un texte au coeur de mon écriture, au centre, c'est bien sûr celui qui a donné le titre au livre et que j'ai dédié à ce lieu, à tous les enfants qui y ont joué et à Grégo.


Ce 25 janvier 2013, cinq ans après, je vous  livre un extrait,

pour elle et pour vous :


Terre d’enfance

À La Guignée et à tous les enfants qui y ont joué.
À Grégo, ce 24/01/2010.

"Son enfance avait été si heureuse… dans une campagne indéfinie, où tous les jours un possible était inventé, au gré des saisons, d’expériences faites de chair, de paille, de souffle, de lumière, de frimas et d’étoiles dans le ciel. 

Chaque saison était vécue.
(...)

Combien d’autres sensations encore, furtives, jamais oubliées, l’enracinant à jamais à cette terre mais qu’elle n’avait pu lui dire, lui exprimer de son vivant :

Elle se rappelait qu’elle disait : "et si tu passais en juin, entre les prairies fauchées, à l’heure où la lune ruisselle sous les meules rondes, tu sentirais, à leur parfum, s’ouvrir ton coeur".



Elle lui confiait aussi que "si tu courais en août, à la nuit tombante, entre les rangs de blé mûr, à l’heure où les chauves–souris te frôlent, où la chaleur du jour monte par effluve du sol de terre sèche, tu sentirais, entre le velours noir effleurant ta joue et le bruissement des épis griffant tes bras, l’air chaud envahir tes poumons et te donner envie de courir."


Et si tu étais passée en mars, tu aurais vu, sur les bords du chemin de retour de l’école, les premiers boutons d’or au vernis jaune, te rappelant Boucle d’Or et les trois ours, sentant ton coeur réjoui comme celui des oiseaux bavards, lors de tes jeux avec ta poupée si docile, sous la tonnelle, assise par terre, dans l’ombre claire et rayée des premiers rayons de soleil translucides.


"Si tu étais passée en novembre, pour la veillée du maïs, tu aurais dansé entre les premiers flocons de neige dans la nuit trop noire, essayant, la tête renversée et les yeux fermés d’en avaler quelques-uns, comme un pain d’éternité; tu aurais senti l’infini de l’hiver, apprivoisé la solitude et oublié l’existence même d’autres saisons".



Et juin, l’odeur des foins… et août, la chaleur écrasante…



Mais si tu étais restée un peu là, un petit peu  plus,n’aurais-tu pas l’étrange sensation aujourd’hui, que c’est après ton enfance que le temps a pris le dessus sur sensations   et    saisons ?


Que l’enfance était le temps béni sans avant ni après,

 sans l’insouciance d’une harmonie charnelle avec la nature, 

en dehors de toute mort ?"




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