samedi 21 février 2015

nOUvelle saison-3.OULIPO : qu'es aquo ?


Groupe littéraire le plus ancien du champ contemporain français, l’Oulipo (Ouvroirde littérature potentielle) travaille depuis 1960 à une refondation de la littérature à l’aide de contraintes d’écriture souvent inspirées des structures mathématiques et ludiques. 
Groupe d’écrivains (Perec, Roubaud, Caradec,Le Lionnais etc...) qui s’imposent certaines contraintes pour créer leurs œuvres.Parmi les contraintes (voir le site de l'Ouipo : http://oulipo.net) il en est une, inventée par Frédéric Forte : http://oulipo.net/fr/contraintes/99-notes-preparatoires"99 notes préparatoires à...".Elle "se situe entre le poème et l’essai, s’emparant d’un sujet donné et tentant d’en épuiser les potentialités par un jeu polyphonique".J'ai tenté cette écriture.

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99 notes préparatoires à la 99° note sur « c’est comme ».

Dédiées à K.-
l’oulipien.

1/-99 notes préparatoires aux 99 notes sur l’expression « c’est comme », c’est comme se forcer à comprendre, et à comparer sans cesse.

2/-Lorsque l’on dit  « c’est comme »,  on pense aussitôt à l’Italie, à son lac de Côme.

3/-« C’est comme » est une 99° note précédant : « C’est ainsi ».

4/-On dit souvent « c’est comme », pour des tas de choses, des tas de confusions, parce qu’on ne sait pas quoi dire ; cette note le démontre.

5/-Avec  « c’est comme », la comparaison est très ouverte.

6/-Observation : comme prend deux m, comme il  y a deux 9 dans 99.

7/-Ceux qui disent « c’est comme » feraient mieux de tourner 77 fois la langue dans leur bouche.

8/-La comparaison dans « c’est comme » est un alibi de divagation dans les 99 notes (ou plus).

9/-Elle aimait dire « c’est comme » pour parler de son cousin normand.

10/-« La terre est comme une orange bleue, Lola » était son livre préféré.

11/-On ne trouvera pas la « 99° note préparatoire : c’est comme avec les levures », car l’auteur est décédé et s’est arrêté à la 70°.

12/-Il lui disait souvent : « vos yeux, c’est comme un paysage choisi ».

13/-A Caunes-Minervois,  c’est comme  à Côme, on aime le vin et d’autres choses, aussi.

14/-Tout le monde peut dire « c’est comme », sauf ceux, honnêtes, qui ne connaissent pas la suite.

15/-99 notes préparatoires « c’est comme », donnent lieu à 99 réponses à… C’est comme une liste à deux colonnes.

16/-Les 99 notes  « c’est comme » ne sont pas comme celles auxquelles on pense.

17/-Comme, conne, cotte, colle, …peut-on changer 99 fois ces deux consonnes ?

18/-Il aimait à dire que « écrire ces  99 notes préparatoires », c’était comme se plonger dans un livre de cuisine de T.Marx.

19/-Les 99 notes préparatoires aux 99 notes sur « c’est comme » porteront, en partie, sur l’inutilité de la comparaison.

20/-Comparer, c’est comme comparaître.

21/-La comparaison jaillit, association de pensées souvent illogiques, sans ordre et s’arrêtant bien avant la lecture des « 99° notes préparatoires à c’est comme ».

22/-La comparaison « c’est comme » devrait être dada, surréaliste, illogique, lyrique, fantaisiste, poétique, fantastique, illuminatrice, révélatrice, richissime…ou pas.

23/-Les "99 notes préparatoires » c’est comme une introduction ennuyeuse à la poésie de Rimbaud traduite en albanais.

24/-Le chiffre de 99, c’est comme 2 x 9 : plus simple.

25/-La comparaison est toujours une échappatoire, une trahison, une élucubration, une faiblesse non avouée, une fuite organisée, un surplus inutile.

26/-Comparer, c’est régner.

27/-Ma mère use aussi de ce « c’est comme » pour évoquer des tas de personnes inconnues, habitant à des années lumière et aussitôt oubliées.

28/-C’est comme : serait-il nécessaire pour perdre son auditoire ?

29/-Dire souvent « c’est comme » pour les enfants.

30/-La comparaison sera toutefois courte, circonspecte.

31/-Comparer, c’est provoquer en duel.

32/-La comparaison est en quelque sorte mère de tous les vices : aplanir, confondre, mélanger.

33/-La comparaison est l’ennemi de l’identité nationale.

34/-99° note préparatoire : la 34°, c’est comme la pause nécessaire.

35/-Que dire du célèbre « Comparateur d’esprits », inventé par le non moins célèbre Pancral à la fin du 17°s. (cf. Mémoires de l’Académie des sciences, vol.XCVII, série B, p.560-601) ?

36/-3+6 font 9, mais pas 99 (notes préparatoires). Voilà un calcul sinon juste, du moins objectif.

37/-Organiser la comparaison : à travers les siècles, les genres, les courants littéraires et artistiques, les théories scientifiques…Tel sera le propos de la « 99° note préparatoire ».

38/-Il ne faut pas confondre comparer et parader.

39/-Les 99 notes préparatoires sur c’est comme s’attacheront (en partie) à développer l’opposition  voire la contradiction entre être et commettre.

40/-La comparaison limite-t-elle l’existence ? Ou bien, la comparaison ouvre-t-elle  à l’inexistence, le néant ?

41/-To be or to compare?

42/-“C’est comme” nous prend par la main avec son “com-com, patapon”.

43/-Einstein a-t-il exprimé une théorie relative à c’est comme ? A voir.

44/-J’aime l’idée que « c’est comme… » adoucit le cours des jours.

45/-Dire au moins 99 fois par jour « c’est comme », et voir l’effet produit. Ne rien présupposer.

46/-99 notes préparatoires « c’est comme » tous les chemins mènent à Rome (ou à Côme).

47/-« C’est comme » est-il une facilité de langage ?

48/-Ces 99 notes préparatoires sont-elles comme les 99 notes elles-mêmes ? C’est une question incontournable à présent.

49/-C’est comme permet de créer quelque chose à partir de l’existant et de faire preuve d’imagination, lorsque la réalité fait elle-même défaut et glisse sous nos pieds.

50/-Imaginer un objet ou une situation définis à partir de « 99 x c’est comme ». En 99 lignes.

51/-Comparer, c’est l’imagination au pouvoir. Mais quel pouvoir ?

52/-Comparer tout et surtout son contraire.

53/-Ces 99 notes préparatoires sur « c’est comme » vident le contenu de ces 3 mots.

54/-Il ne sera plus nécessaire de porter son attention sur cette expression, mais plutôt sur ce qui suit (si possible).

55/-99 idées de fioritures dans « c’est comme ».

56/-La comparaison fondatrice dans mon apprentissage de la lecture avec « Poucet et l’écureuil » : l’image du point sur le i, c’était comme la lune sur le clocher de l’église (du village).

57/-Etude pratique : la Grande Galerie du Louvre (le dimanche de gratuité), c’est comme le hall de la gare de Montparnasse (les bagages en moins, bien sûr).

58/- Comparer n’est pas créer, mais plutôt jouer.

59/-L’expression « c’est comme » est généralement assez peu usité.

60/-Il faudra déterminer si :
                -elle limite la pensée, en dénotant un faible champ d’investigation et lexical
-ou bien si elle formate une pensée, en conditionnant les associations (ce qui est sensiblement différent).

61/-Comme c’est bizarre ! marque l’étonnement et non la comparaison.

62/-Le champ lexical de comme (à ne pas confondre avec le champ de navets).

63/-Comment, communauté, communion ou commission n’en font pas partie.

64/-99 pré-notes à dire 99 fois : « c’est comme », à la fin de chaque note, à la lecture.

65/-Notons : 99 fois, c’est comme 9 x 11 ou (9 x 9) + 18.

66/-C’est presque comme 99, à l’envers.

67/-La plupart de temps, il s’agit d’une expression d’une absolue affirmation, sans questionnement, sans la place d’un doute.

68/-Les expressions sont très personnelles. Celle-ci caractérise XXX.

69/-En science physique, on n’emploie guère « c’est comme » dans une démonstration.

70/-En poésie non plus ; nul besoin, elle est omniprésente.

71/-L’essentiel n’est pas comme.

72/-« C’est comme » : c’est trop con.

73/-On emploie souvent « c’est comme » ; dire « c’est pas comme » est moins élégant.

74/-Ne pas confondre « c’est comme » et ce qu’il ne dit pas, à savoir : « c’est le même que ».

75/-Comparer n’est pas égalité, encore moins fraternité.

76/-Question importante (mais totalement hors propos), l’amour est-il oulipien ?

77/-A y réfléchir sérieusement, l’expression « c’est comme » n’est pas aussi fréquente que la simplicité de sa formulation ne le laisse supposer.

78/-Autre question, tout aussi essentielle : la vie est-elle comme une toile qui s’assombrit et comme des lettres qui s’emmêlent ?

79/-C’est comme si ma tante en avait.

80/-Tous contre « c’est comme », tout contre, comme l’huître lovée sur sa perle.

81/-Comparer, c’est diviser (ou ôter) dans tous les cas, éroder l’insondable mystère de toutes choses et des êtres qui les enveloppent.

82/-Vive la vie, les discussions, les personnes libérées de leurs « c’est comme ».

83/-Ecrire, c’est révéler et  se libérer. Dire, c’est comme dessécher le suc de cette libération, de cette création pour s’enfermer dans un jardin surveillé.

84/-A l’inverse, il est important d’introduire délicatement la notion de « c’est comme » dans l’écriture et le discours, comme une immense fenêtre ouverte sur le bleu de la mer infinie, un soir d’août à Cadaquès.

85/-L’exemple tue là où la comparaison habille.

86/-Les enfants disent « on dirait que… » en voulant souvent dire « c’est comme… ». Le jeu de la comparaison…

87/-Je est une autre comparaison.

88/-Au commencement, est-ce toujours comme ?

89/-Doublons les consonnes de comme : conne (facile, celle-là, mais très misogyne), colle, corde, copte, cocke, codde, corre, corce, cojje, colpe, comse, coppe, colpe, cowbe, cobce, corbe, codne…etc et trouver l’étymologie.

90/-A l’approche de la fin des 99 notes sur « c’est comme », c’est comme lorsque le train rentre brusquement dans le tunnel, que les vitres vibrent d’un coup sec, le temps de lever le nez de son livre, comme l’oiseau lorsqu’il a bu.

91/-Aura-t-on présenté l’essentiel de ce que l’on peut extraire de cette banale expression ?
Je ne le crois pas, c’est comme vouloir essayer de presser une orange jusqu’à la peau : une part de la pulpe de fruit reste irrémédiablement unie au zeste.

92/-En matière historique, cette expression révèle la plupart du temps une forte tendance à l’anachronisme, l’ethnocentrisme, le débilisme.

93/-Se recentrer procède du mouvement inverse que comparer (surtout se comparer).

94/-De toutes les 99 notes préparatoires, celle que je préfère, c’est la dernière.

95/Si le Chaperon rouge, faute de marquer son profond étonnement avec force « comme vous avez… » avait établi des comparaisons sur le Méchant loup, le conte aurait gagné une dimension poétique, moins brutale, et surtout aurait écarté les terreurs enfantines.

96/-« C’est comme » renvoie toujours à une petite échelle personnelle d’infinies graduations et de nuances seules compréhensibles par celui qui compare, et encore, pas  sur la durée, car cette échelle, ce réservoir d’échantillons fluctuent, changent et sont régulièrement effacés de la mémoire, comme les traces sur le sable après la marée.

97/-L’Oulipo est-il comme un état ‘esprit intemporel, ancien et moderne, celui du rire, de l’absurde qui irriguent nos vies ?

98/-J’aime à penser à toutes et tous ceux que j’aime, comme s’ils étaient des animaux.

99/-« C’est comme » la fin dans un livre ou dans un film. C’est très important, le dernier mot, la dernière image, mais avec le temps d’autres prennent la place.


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