samedi 23 février 2013

ADIEU, VOYAGES LENTS...


Les circonstances me poussent, une fois encore, à me remémorer un poème d'Alfred de Vigny, extrait de La Maison du Berger : Adieu, voyages lents...


Appris à l'âge de 10 ans, je vous propose (sans aucune vergogne!) les illustrations dont je l'avais orné, et si votre curiosité, ou sensibilité, ou méditation vous y poussent, voici quelques lignes sur ce recueil et un site sur Alfred de Vigny  :

http://romantis.free.fr/vigny/html/destines.html


Poèmes de la condition humaine : Les Destinées.(1840-1844).

Le recueil s'ouvre tout naturellement avec le poème liminaire Les Destinées qui donne son nom au recueil et qui porte en épigraphe "C'était écrit". Vigny pose le problème de la condition humaine avec son fardeau de misère, est-elle inéluctablement soumise à une fatalité qui interdit toute espérance et rend vain nos efforts ?
Vient ensuite La Maison du berger, avec en épitaphe A Eva (Marie Dorval). Le philosophe sensible aux souffrances humaines se reconnaît la mission de guider ses semblables.

Vigny n'a écrit qu'un seul poème d'amour et c'est la Maison du Berger, un des plus beaux poèmes romantiques, long de 336 vers, le plus long du recueil des Destinées.

Ceci est un extrait.



Évitons ces chemins. - Leur voyage est sans grâces,

Puisqu'il est aussi prompt, sur ses lignes de fer,
Qui va de l'arc au but en faisant siffler l'air.
Ainsi jetée au loin, l'humaine créature
Ne respire et ne voit, dans toute la nature,
Qu'un brouillard étouffant que traverse un éclair.

Que la flèche lancée à travers les espaces





On n'entendra jamais piaffer sur une route


Le pied vif du cheval sur les pavés en feu ;


Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute,


Le rire du passant, les retards de l'essieu,


Les détours imprévus des pentes variées,


Un ami rencontré, les heures oubliées


L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.




La distance et le temps sont vaincus.La science


Trace autour de la terre un chemin triste et droit.


Le Monde est rétréci par notre expérience


Et l'équateur n'est plus qu'un anneau trop étroit.


Plus de hasard. Chacun glissera sur sa ligne,


Immobile au seul rang que le départ assigne,


Plongé dans un calcul silencieux et froid.



Jamais la Rêverie amoureuse et paisible


N'y verra sans horreur son pied blanc attaché 


Car il faut que ses yeux sur chaque objet visible


Versent un long regard, comme un fleuve épanché 


Qu'elle interroge tout avec inquiétude,


Et, des secrets divins se faisant une étude,


Marche, s'arrête et marche avec le col penché.


Bien entendu, je n'avais guère encore de notions de perspective...

"Un ami rencontré,


 les heures oubliées,


L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu..."




A méditer...


jeudi 14 février 2013

DE LA TERRE AUX OBJETS

A présent, quelques images...
J'ai composé spécialement pour vous un tableau de photos, d'images, d'objets et lieux de mon enfance.


Alors, visitez-le, mettez vos commentaires et à bientôt !



vendredi 8 février 2013

DES LETTRES...oui, des lettres. ET UNE INÉDITE !





J'ai toujours été fascinée par les lettres,

 la correspondance entre deux personnes...Intérêt vivace pour des lettres écrites et retrouvées, celles reçues et conservées.Peut-être dans quelques temps, en saurez-vous davantage sur mon activité d' archiviste épistolaire ou d'historienne intimiste...En attendant, j'évoque rapidement des correspondances célèbres qui, par la qualité de l'expression et la personnalité de leur auteur ont dû peut-être vous charmer.




Je pense à celle de Madame de Sévigné avec sa fille, Madame de Grignan,

d’Alfred de Musset à Georges Sand

de Vincent van Gogh à son frère Théo,

de Goethe à Schiller, 

de Victor Hugo à Léonie Biard  etc...etc...









Il y a aussi les livres sous forme d'une longue lettre.
Pour moi, essentiellement deux livres (magnifiques!) : 





Pour en savoir plus 
:http://www.babelio.com/livres/Zweig-Lettre-  dune-inconnue/26034



(Voyez,  sur mon blog,  l'article : "N'auriez-vous pas alors votre enfance...")



Enfin, j'en arrive à une très belle lettre de Henri de Toulouse-Lautrec à sa mère, la comtesse Adèle Tapié de Céleyran,  lettre connue seulement en ...2008.


Je vous en livre l'intégralité :


"Céleyran, le 14 août 1882.


    Ma chère mère,


   Vous souvenez-vous du jeune Routy, habitant près de Céleyran, qui me dédiait, enfant : "C'est pas toi qui seras le premier dans cet arbre!!..."?    Il a accepté de poser pour moi et je n'ai de cesse de réaliser des études pour quelques huiles, cet été. La Nature est si belle à Céleyran et votre bienveillante présence me manque.    


     Le jeune Routy est très discret, se prête volontiers à la pose rapide, sans palabre. Il me paraît à la fois si proche et si lointain, plein de cette force que la nature m'a refusé ; mais aussi, comme apprivoisé par une secrète nostalgie, ...ou bien est-ce mon trait ou mon pinceau qui le rendent tel?Quel contraste, ma chère mère, entre Routy, assis, sur un mur de pierres et la nature environnante, estivale et jubilatoire à Céleyran!Je le représente, assis, le visage baissé sous son chapeau : il regarde ce qu'il tient, comme s'il s'attablait à quelque tâche...On pourrait croire qu'il tient un rhizome de quelque plante que ses travaux des champs lui commandent de planter profond...Non, ma chère Mère, il taille un objet en bois, tout occupé avec tact et précision à cet objet, entre ses mains puissantes.


     J'ai reçu hier une lettre de mon maître Bonnat, m'annonçant la fermeture de son atelier pour septembre. Ma boussole artistique va désormais m'orienter vers un autre maître, Fernand Cormon, je pense. Je n'ai de cesse de peindre et de dessiner, le plus que je peux, tant, que ma main est fatiguée. Il y a ,ici, tant de sujets!


       Revenez vite, ma chère mère, à Céleyran ; je vous y attends pour quelques promenades, entre deux portraits, vers la passerelle sur le chemin de Saint-Félix que nous aimons tant.


       Maman, vous, rien que vous.                                                                               Vôtre, 
Henri."


 
























Vous êtes -vous laissé "embarquer " par cette lettre ?   


OUI....Alors, je vous dois un AVEU : c'est une lettre que j'ai inventée, écrite en 2008 et qui, du reste, m'a valu le 1°prix du concours du Musée Toulouse-Lautrec à Albi (tant fréquenté...). Il s'agissait d'écrire un texte sur une oeuvre du peintre, avec 10 mots imposés.
Si beau souvenir épistolaire. Comme si j'y étais !



Alors, un petit mot, à présent,

 de votre part...?

lundi 4 février 2013

TROISIÈME CHRONIQUE DE SALON...

Pour les lectrices et lecteurs fidèles de ce blog, vous savez à présent combien j'affectionne les salons, leur ambiance jamais identique et surtout le public. Et combien aussi j'aime en faire une petite observation etno-humano-sociologique...


Cette fois-ci, il sera question des "collectionneurs". Vous devez connaître dans votre entourage (et ici même, n'est-ce pas) des personnes qui se livrent, parfois éperdument, à cette folle manie de la collection et vous devez aussi savoir que tout se collectionne.


Me voilà pour la promotion de ma "Terre d'enfance", il va sans dire, à Revel, au salon toutes collections, y compris des livres (!) neufs, anciens, spécialisés ou bdéifiés.



Vous avez bien compris que mon propos est de vous partager mon observation du collectionneur.

Le collectionneur est une espèce :
1/ masculine, majoritairement
2/ (ceci découle de cela) moustachu
3/ grisonnant (ou plus)
4/ le pas décidé et l'oeil de lynx
5/ l'âge avancé, mais... bien conservé
6/ pratiquant en groupe, voire en club de connaisseurs, se reconnaissant mystérieusement, même si rien ne les rapproche
7/ souvent chapeauté, plutôt casqueté (c'est le chapeau de cow-boy qui domine, en cuir marron foncé mais aussi en feutre noir)
8/ allure : mains dans les poches, l'air de pas y toucher, regard fuyant mais balayant
9/ le détail final (et le moins négligeable) : c'est un pro, qui se promène avec le catalogue des cotes sous le bras.

Quant à mon recueil, même s'il a rencontré peu d'acheteurs (j'oubliais : le collectionneur peut "claquer" 1400 € pour des timbres... dommage qu'il n'aime pas les livres!), j'ai pu m'entretenir avec des gens aussi divers en âge qu'en situation. A commencer par mon voisin, Stanislas, vendeur de cailloux en tous genres, dont l'épouse m'annonça qu'elle sortait son Stanislas pour la première fois de l'hiver (non, non, il n'avait pas l'air complètement fossilisé).
Plus sérieusement, il est pour moi émouvant d'entendre des personnes me parler de leur propre écriture, et surtout des réactions-très personnelles- par rapport à leur enfance... 

Alors,  prochain rendez-vous : la "folle" Journée du livre de Quillan (Aude),  le 3 mars...

vendredi 1 février 2013

CAHIER NOIR ...DE BROUILLON

Il est nécessaire de se renouveler de temps en temps, n'est-ce pas ?
Alors, je mets cela en pratique, ici, à la faveur d'un article d'un ami sur son processus d'écriture. 
Donc, feu des chats, des brebis, de la nature, de ma "Terre d'enfance"...et cap vers l'acte d'écrire!

Je veux surtout évoquer les brouillons, non pas ceux de nos pensées ou actes, mais ceux des cahiers ou bouts de papier qui ont épaulés nos lectures, nos apprentissages, nos écritures, nos ennuis ou ce qui nous a semblé être conservé comme une idée sublime.

La BNF a proposé en 2001 une passionnante exposition "Brouillons d'écrivains" et je vous invite à la parcourir sur le site :  http://expositions.bnf.fr/brouillons/index.htm

Le terme "brouillon" n'apparaît qu'en 1551, se définissant, un siècle après l'invention de Gutenberg, par rapport au manuscrit et à l'imprimé. 

L'étymologie rattache le mot au germanique brod, "brouet", "bouillon".
Ce sont bien là, en effet, les bouillonnements de la pensée que l'on donne à voir, par des manuscrits de travail d'écrivains, témoins des hésitations et des blocages, des renoncements et des reprises, des trouvailles et des recherches de leurs auteurs. 
Si l'œuvre est "le masque mortuaire de la création" (selon Walter Benjamin), les brouillons n'en révèlent-ils pas le visage le plus authentique ?

Guillaume Apollinaire, "Cahier de Stavelot"



 Possédé par le besoin de se créer un savoir à l'écart des normes, il y aligne aussi bien des listes de mots wallons captés dans le quotidien que des citations des Carmina burana, découverts à la bibliothèque Mazarine dans une édition savante allemande. Parmi les ébauches poétiques, certaines font voir un adolescent encore immergé dans la littérature fin de siècle





Il me faut une certaine dose de prétention...pour en venir à mes propres brouillons, ou du moins au souvenir de ces brouillons.
Aucune trace de papier brouillon ne reste pour "Terre d'enfance".
Beaucoup de souvenirs, par contre, des brouillons de mes dissertations de philo, véritables enchevètrements de renvois et de notes dans tous les sens.


Accompagnant ces quelques vestiges de mes brouillons anciens, je vous encourage à une :

Essai des nouveaux crayons de couleur...

ODE AU BROUILLON


Brouillons de l'enfance

Vie toujours brouillonne
Recherches raturées
Plaisirs du calcul
Joies de la trouvaille
Liberté de la plume
Crayon rageur
Laisser- aller saltimbanque

Terrain d'essais

Etats d'inachèvement

Oubli des obligations


                                                                En rester là...




Multiplications ...et toujours un chat




Une page de brouillon, débutant une de mes nouvelles.


A VOS BROUILLONS ...
et laissez un avis, très brouillon, si possible.