vendredi 18 janvier 2013

NOIR ET BLANC...


Pour marier mes deux précédentes pages, au gré de la Fugue pour un chat de Scarlatti, laissons-nous séduire par le blanc de la neige (qui ne nous a pas engloutis) et le pelage noir soyeux de mes chats (non bottés).


Fugue de Scarlatti, dite "Le Chat".

Pourquoi ? Dès les premières notes, on dirait un chat qui se promène sur le clavier.
Après on dirait qu'il y a plusieurs chats qui se promènent en même temps... ça s'appelle la polyphonie !
Bref, un casse-tête pour pianistes...Liszt adorait cette fugue. Il n'était pas le seul.
Pianist: Anne Queffélec.


Et par dessus tout, relisons un peu de poésie, oui, encore et toujours, en commençant par l'auteur qui vous rappellera vos récitations d'enfant :


IL A NEIGÉ


Il a neigé dans l'aube rose,
Si doucement neigé
Que le chaton noir croit rêver
C'est à peine s'il ose
Marcher.


Il a neigé dans l'aube rose,

Si doucement neigé
Que les choses
Semblent avoir changé.
Et le chaton noir n'ose
S'aventurer dans le verger,
Se sentant soudain étranger
A cette blancheur ou se posent,
Comme pour le narguer,
Des moineaux effrontés.
Maurice CARÊME

UN CHAT CAMELEON

Nuit de neige


La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.


Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.


Mais on entend parfois, comme une morne plainte,


Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.


Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.


L'hiver s'est abattu sur toute floraison.


Des arbres dépouillés dressent à l'horizon


Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.


La lune est large et pâle et semble se hâter.


On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.


De son morne regard elle parcourt la terre,


Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.


Guy de Maupassant




LE PETIT CHAT

 C'est un petit chat noir effronté comme un page,Je le laisse jouer sur ma table souvent.Quelquefois il s'assied sans faire de tapage,On dirait un joli presse-papier vivant.Rien en lui, pas un poil de son velours ne bouge ;Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,A ces minets tirant leur langue de drap rouge,Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimiqueQuand on met devant lui la soucoupe de lait.Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,

La frôle, puis, à coups de langue très petits,Il le happe ; et dès lors il est à son affaireEt l’on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.
Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,Et ne relève enfin son joli museau platQue lorsqu'il a passé sa langue rêche et rosePartout, bien proprement débarbouillé le plat.
Alors il se pourlèche un moment les moustaches,Avec l'air étonné d'avoir déjà fini.Et comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,Il se lisse à nouveau, lustre son poil terni.
Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates ;Il les ferme à demi, parfois, en reniflant,Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.


Edmond ROSTAND 


 


Dans l'interminable ennui de la plaine

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune.

Comme les nuées
Flottent gris les chênes
Des forêts prochaines
Parmi les buées.

Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la Lune.

Corneille poussive
Et vous, les loups maigres,
Par ces bises aigres
Quoi donc vous arrive?

Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable


Et pour finir, un duo de chats, presque blanc et noir, sur un air fauusement attribué à Rossini




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