dimanche 25 janvier 2015

Nouvelle saison -2

A présent, la nouveauté sur mon blog sera que ces pages virtuelles seront consacrées à mes propres textes, surtout ceux écrits "sous la contrainte" de Brigitte H.B. (que je remercie pour sa compassion!).

Je poursuis en vous proposant un texte sur un sujet qui me tient à coeur, à l'esprit, à l'horreur, à la révolte.
Il s'agissait d'imaginer qu' "un syndicat d'initiative d'un lieu imaginaire ou improbable essaie d'attirer les touristes(...)."
  

VOYAGE EN MISERIE


Guide touristique pour haut-fonctionnaires des Nations Unies et autres assemblées internationales

Pour dignitaires de tous pays, spécialement du Qatar et familles de Dubaï.

Pour vous toutes et tous qui venez à Paris, pour moi.

 Votre séjour comportera un passage obligé et très détaillé dans tous les quartiers parisiens et aura pour thème et unique objet : la misère.Vous aurez à cœur de pratiquer ce qui se nomme dans toutes les religions et sagesses du monde : la charité ou l’aumône ou la compassion. Moyennant quoi, vous obtiendrez le commencement de votre salut, et surtout la possibilité de continuer votre voyage, où les portes des plus grands hôtels, des luxueux cabarets, des hauts lieux de la mode et de la fornication mondaine vous seront ouvertes et vers lesquels votre chauffeur saura vous mener, dans des voitures spacieuses aux vitres noires.


 
            Mais en premier lieu, vous vous munirez d’argent, beaucoup d’argent que vous choisirez de retirer dans un distributeur intérieur, fermé sur l’extérieur, donc chauffé l’hiver. Ce local est occupé par deux êtres somnolents sous des couvertures et des habits en lambeaux, sales, hirsutes, allongés à même le sol. Ils vous demanderont une petite pièce, que vous donnerez (mais pas plus d’une).


De là, à l’air pur, vous continuerez votre chemin à pied, dans les « beaux quartiers »  et verrez des mendiants, un homme et une femme, assis à même le trottoir, mal habillés, mal rasés, mal peignés, ne sollicitant pas le passant, mais montrant devant eux une boîte ou un verre de plastique vide. Parfois, près d’eux, vous pourrez remarquer une tente, une cabane en cartons ou un vélo.


Plus loin, le regard perdu, douloureux et inquisiteur d’un homme sans âge,  assis près de la poste, entre le feu et le distributeur de carnets de timbres, vous interpellera. Il ne demandera rien mais vous dira, après votre don de quelques pièces jaunes,  deux ou trois fois « merci » avec tant de reconnaissance non feinte que vous en serez presque troublé.


A présent, en route vers un quartier où sont présentes les femmes (non pas celles qui font ce que l’on a coutume d‘appeler le plus vieux métier du monde, comme s’il s’agissait d’un métier et de légitimer l’esclavage sexuel). L’une d’elles vend son maigre travail, étalé sur le trottoir, près d’un cinéma : chaussons pour bébés tricotés de différentes couleurs, petite veste rose en tricot ; vous devrez ramener une paire de chaussons.
Cette autre femme, plus jeune, est assise à l’angle de deux grands boulevards. Elle ne demande rien. Mais vous aurez à cœur de lui donner un peu de nourriture, et cette fois-ci, des fruits.
Il y a souvent, devant un grand magasin, sur une des grandes avenues les plus célèbres de cette ville, une femme, une gamine, avec un enfant dans les bras. On pense qu’elle est amenée là par sa tribu. Elle est vraiment très jeune, l’enfant dort. Dans ce cas, faites comme vous le voulez, en libre conscience. 
Par contre, la promenade sur les quais vous paraîtra à priori bien agréable, et éloignée de la foule qui ignore les mendiants. Mais quand vous passerez sous certains ponts, vous mesurerez à quel point ces abris servent autant à se soulager de besoins naturels que  de lieux pour dormir sur quelques cartons. Même ceux-ci sont effroyablement sales, vite abandonnés, avec des restes comme des boîtes en plastique de carottes râpées. La plupart des touristes étrangers, surtout les dames, passent sous ces ponts en se pinçant le nez.

 A quelques mètres, sous le pont des Arts, vous verrez un sans-abri, assis sur un petit pilier qui supportait un banc de pierre, toujours au même endroit, lisant le (même) journal donné dans le métro, visage sans âge derrière des lunettes rondes et noires. Vous pourrez remarquer qu’il fume un bout de gros mégot de cigare ramassé sur le trottoir, ou une cigarette roulée avec des restes. Rien n’est perdu et vous  en aurez pour preuve, lorsque vous serez revenu au dessus du pont (neuf, par exemple) la vision de SDF  fouillant méthodiquement les poubelles, vidant soigneusement le reste des verres de coca.Au final (et en option), pour ce circuit, vous vous rendrez dans une banlieue (une liste vous sera fournie) pour vous immerger dans un bidonville « moderne ».


 Vous devez à ce stade vous poser certaines questions, au moins une fois pour la vie :


a/-Vivent-ils de leur plein gré dans la saleté, le froid, la faim ?


b/-Pensez-vous qu’ils aient perdu la notion même d’être humain, de relations sociales ?


c/-Que feriez-vous face à un sans abri qui ne parle plus, qui vit comme une bête, allongé en position fœtale sur le trottoir, et qui refuse d’être soigné ?


d/-Que feriez-vous face à quelqu’un que vous voyez lentement, au jour le jour, se dégrader, se suicider à petit feu ?


 
Une fois ce passage obligé effectué, rendez-vous chez :Ladurée, Mariage-frères, les Deux Magots, le Procope, le Flore, le Fouquet’s, la brasserie Lipp, l’Hôtel Georges V, Hermès, Dior, Chanel, Cartier,la place Vendôme, les Champs Elysées, la rue du Faubourg Saint-Honoré (où se trouve, ne l’oublions pas, le palais de l’Elysée…).
So nice, so frenchy ! 

samedi 11 octobre 2014

NOUVELLE SAISON

Une ou deux saisons sont passées, saisons terrestres, et voici que je vous propose, dans mon blog d'écriture, un texte sur : " quatre saisons mensongères et une véridique".
A s'y perdre un peu...
A vous, chère lectrice, cher lecteur, d'y trouver votre fil d'Ariane.

Alors, mettez dans vos haut-parleurs "Echoes" 
https://www.youtube.com/watch?v=uJtw7SP0oN4&feature=youtu.be

et lisez ceci :

Concerto (déconcertant) en quatre saisons et une fugue.


L'été (origine).

Elle aimait à ne pas en parler, à taire l'instant de son premier cri.
Étouffée, s'étouffer. Le visage de la mère qui rougit, crie, suffoque et le sien essayant de trouver l'issue, de se détacher.
Sa mère avait toujours occulté l'instant de sa naissance ; il avait fallu questionner, enquêter et surtout deviner ; reconstituer le contexte, l'âge; pourquoi si tard ? Pourquoi entendre parler du frère et de la sœur en termes si heureux, élogieux ?
L'étrangeté de cette venue au jour a toujours été tapie au fond de son être durant des années, et s'est transformée à l'âge de raison en une conviction : celle d'être fille de châtelains, un jour errant dans ce lieu, l'abandonnant sans motif dans cette famille paysanne, rustre et la frustrant à vie de ses nobles origines, pourtant si évidentes.
On ne lui mentait pas puisqu'elle savait.
Il s'agissait plutôt là de secrets,

de l'arrière des choses.

Automne (premier amour).

Tout et rien. Comme les vagues de la mer ou la marée montante, sa première rencontre sur le ferry, avait tout et rien façonné de ses dernières années d'adolescente.
Recherche éperdue de l'idéal amoureux incarné dans le regard myope, profond et troublant du jeune homme brun. Les premiers émois : purs ? Éblouie ? Pas sur le moment où ils se vivaient juste. Mais ainsi refaits par les 30 ans de mémoire composée. L'absolu du désir envahissant, le chagrin de l'éloignement, la vie commune si peu commune.



Elle avait longtemps après confronté les souvenirs : la mémoire si différente, si décalée, les phrases oubliées par l'un, les retrouvailles ignorées de l'autre. Que restait-il d'eux, des décennies après? Des bribes du temps reconstituées, jamais décomposées, souvenirs roulés par les vagues sur les galets de la plage, face à l'horizon de leurs vies décalées, de leurs êtres sapés par tant d'années.
Seule la voix reste intacte.
Ils s'étaient retrouvés en Normandie, sur cette plage du débarquement, lui, rentrant de Floride, elle, se rendant à Londres auprès de sa fille. Était-ce à Deauville ou à Trouville ? Elle ne le savait plus. Et qu'importe, elle disait « je m'en fiche » car le temps lui avait joué des tours. Ils s'étaient laissé piéger à ce voyage, une seule et unique fois.
La mémoire nous trompe, nous nous mentons à nous-mêmes de façon si parfaite que nous pouvons ramener brusquement le temps d'hier à celui d'aujourd'hui ; alors que tout est illusion.
Comment peut-on arriver à effacer ainsi les jours et les années ?


Hiver (les séparations et les deuils).

Les saisons froides de sa vie, éclairée par une faible luciole, une fine étoile, ont condensé les séparations, les deuils, les jours gris ou noirs en de multiples gouttes d'eau qui dégoulinent sur la vitre glacée des douleurs.
Enfant, les deuils étaient des spectacles respectables, de sa famille autour d'un aïeul, d'une effervescence solidaire, d'une onde qui venaient s'abattre sur le groupe familial.
Mais c'est de plein fouet, avec une rare violence qu'elle avait ensuite encaissé, apprivoisé les disparitions brutales et soudaines de parents proches et d'amis.
Chaque fois, il fallait réapprendre la vie, à se réchauffer au feu de bois lorsqu'il pleut ou que la neige éloigne de tout et étouffe chaque bruit.
Continuer de croire, faire semblant ? Elle ne pouvait se leurrer, se mentir, jouer à. Même si le mensonge tentait de s'immiscer dans ses sourires ou ses convictions, elle continuait à croire avec force à la véracité des mirages dans le désert, à la lumière au bout du tunnel, à l'étoile polaire dans la nuit.
De nombreux signes s'écrivaient pour elle, désormais indéracinables comme le chêne auprès duquel elle allait retrouver ses racines et ses raisons d'être.
Et les mensonges zélés de son entourage n'atteignaient pas ses fondements.

Printemps.(La boucle est bouclée).

Fallait-il que les saisons rythment sa vie ?
Serait- ce enfin l'ultime? Celle de l'envol ? De la douceur de vivre, du chant des oiseaux, des reflets verdoyants des champs et de la beauté des paysages qui l'entouraient?
Oui, c'était cela.
Les mensonges passés s'effilochaient et la tranquillité lumineuse d'une vie à moitié accomplie envahissait ses jours.
Un printemps naturel et spirituel coulait dans ses veines, irriguait ses membres pour la porter sue les routes de pèlerinage, les chemins, non pas d'exil mais ceux d'une renaissance.
La boucle se bouclait : le printemps des origines.

La fin. La fugue.

Faux ! Tout est faux !
Elle entendit cette voix balayer du haut de son savoir ses quatre saisons, effacer les pages écrites.
La vérité ? C'est qu'il y a une autre saison, celle qui efface tout ce qui précède, celle qui abolit le temps, les serments, les mensonges, les traîtrises et petites lâchetés quotidiennes, la douleur, le ressentiment, celle qui érode les pics d'une vie.
Tout est faux.
Tout n'est que fadaises en tout genre.
Tout est illusion.
Le vernis se craquelle, le monstre sort et l'appelle, celui qui, enfant, la terrorisait, la gueule ouverte.

Il ne pourrait à présent ni transformer, ni posséder ce qui la constituait :
amour, prières, solitude, calme, le clair détachement de son existence d'ermite.
Et là, point de mensonges.





samedi 24 mai 2014

A propos de (belles) ruines

Voici une invitation pour aller visiter mon dernier tableau :

qui vous mettra dans l'ambiance de mon dernier livre "TERRE DE RUINES"

http://www.edilivre.com/terre-de-ruines-1e6f585de0.html#.U4BVTdJ_tlo
Sur un angle pictural, de matières, de photos, d'encres...

N'ayez pas peur ! Ces ruines sont esthétiques !


mercredi 7 mai 2014

MISCELLANÉES du MOIS de MAI

C'est le mois du printemps à son apothéose
c'est aussi le moi de Marie
le mois de l'anniversaire de Magali 
et le mois des mères.

Pour fêter tout cela, 
je vous propose tout d'abord la lecture d'une page de "Terre d'enfance".

Terres maternelles

(...)Te souviens-tu de cette terre de culture, marron clair, que tu avais fraîchement bêchée pour m’initier patiemment à l’art des haricots, radis, fèves et petits pois dans mon jardin personnel, où nous dessinions passages et semis, délimités par des barrières de grosses ficelles et une porte d’entrée en bois, dans la lumière blanche du soleil de printemps ?

Veillant à mes désirs de création, tu m’indiquais la terre rouge orange, près du lac et le chemin de la ferme de Riols et me regardais, entre deux rangs de tricot, pétrir et façonner figurines et pots d’un jour.(...)

A l’adolescence, la terre verte et dure du pâturage, jamais travaillée m’accueillait, seule, couchée sur le dos, les yeux dans les étoiles à chercher un Père.

Cette terre multicolore est comme toi, éternelle, riche en dons, sûre et protectrice. Elle compose avec le ciel, ses couleurs changeantes et ses pluies, toute une alchimie, sans cesse renouvelée, pour fournir plantes et fruits, un long cortège de nourritures terrestres, nourri de tes labeurs.

Tu m’as appris l’essentiel des terres au fil des saisons et de leurs rayures au fil du temps.
Tu m’as appris le soleil de l’Abondance,
la confiance dans l’odeur de la pluie sur la terre sèche,
les couleurs changeantes des bienfaits terrestres et l’éclatante douceur d’une feuille sur les lèvres.

A Alice."



A vrai dire, l'origine de ce petit article provient de ma lecture actuelle du "LIVRE de ma MERE"(récit autobiographique, 1954)  d'Albert Cohen, merveilleux et bouleversant hymne à sa mère.

Peu de livres ont connu un succès aussi constant que" Le livre de ma mère". Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois "quotidienne" et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils.
Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour.



"Oui, une simple ma mère.Mais tout ce que j'ai de bon, c'est à elle que je le dois. Et ne pouvant rien faire d'autre pour toi, Maman, je baise ma main qui vient de toi."

« Pleurer sa mère, c’est pleurer son enfance. L’homme veut son enfance, veut la ravoir et s’il aime davantage sa mère à mesure qu’il avance en âge, c’est parce que sa mère, c’est son enfance. J’ai été un enfant, je ne le suis plus et je n’en reviens pas. » (p. 33)

"Je vous salue, mères pleines de grâce, saintes sentinelles, courage et bonté, chaleur et regard d’amour, vous aux yeux qui devinent, vous qui savez tout de suite si les méchants nous ont fait de la peine, vous, seuls humains en qui nous puissions avoir confiance et qui jamais, jamais ne nous trahirez, je vous salue, mères qui pensez à nous sans cesse et jusque dans vos sommeils, mères qui pardonnez toujours et caressez nos fronts de vos mains flétries, mères qui nous attendez, mères qui êtes toujours à la fenêtre pour nous regarder partir, mères qui nous trouvez incomparables et uniques, mères qui ne vous lassez jamais de nous servir et de nous couvrir et de nous border au lit même si nous avons quarante ans, qui ne nous aimez pas moins si nous sommes laids, ratés, avilis, faibles ou lâches, mères qui parfois me faites croire en Dieu." (Ch. 29)

"Jamais plus là pour me nourrir, pour me donner vie chaque jour, pour me mettre au monde chaque jour. Jamais plus là pour me tenir compagnie pendant que je me rase ou que je mange, me surveillant, passive mais attentive sentinelle, tâchant de deviner si j'aime vraiment ces louanges aux noix qu'elle m'a préparés. Jamais plus elle ne me dira de manger moins vite. J'adorais être traité en enfant par elle."

"Avec elle seule, j'aurais pu vivre loin du monde. jamais elle ne m'aurait jugé ou critiqué. Jamais elle n'aurait, comme d'autres, pensé : il ne publie plus de livres, ou : il vieillit. Non. Mon fils, se serait-elle dit avec foi.
Eh bien, moi, je t'envoie, les yeux ennoblis par toi, je t'envoie à travers les espaces et les silences, ce même acte de foi, et je te dis gravement : ma Maman."


(Pour plus de citations : http://www.babelio.com/livres/Cohen-Le-Livre-de-ma-mere/3506/citations)

Ecoutez Albert Cohen et son action pour les réfugiés:
http://www.fondationmemoirealbertcohen.org/video/video2.php

****
Enfin, voici des perles enfilées par Magali, pour nous parer de sa grâce avec son "Cantique de la patience" et les articles dans la Treizième (sous le nom de Mina Lobata) :

"Ces grains de jour pour le collier de l'âme..."

"Je te regardais avec toute la lumière et l'obscurité que je possède."

"La voix du rossignol, peu avant minuit, fait briller l'obscur."

"(La simplicité du bonheur ne saurait s'ébruiter.)"

Mina lobata

"Pouvoir fleurir deux fois, telle la monnaie-du-pape . Rose au printemps, à l'automne blancheur argentée."

"Un gros bourdon visite les roses trémières. Certaines fleurs dégringolent après son passage, dans un léger froissement de soie."

"Comme l'amour, le frisson de la musique dilate l'âme".


jeudi 3 avril 2014

A MAGALI : Eden d'amitié


D'une richesse et d'un style sans commune mesure, les lettres que Magali m'a adressées, récemment reliées par un ruban rouge, ont tissé une trame aussi solide que celle fixée sur les métiers à tisser de sa native vallée de l'Arnette, au pied de la
Montagne Noire.

Et si l'on voulait les replacer dans leurs strates d'origine, les matériaux seraient nombreux, réciproques, offerts et donnés, au fil de nos partages 
de jeunes filles,
femmes et mères.

Ces trésors de correspondance sont recomposés dans "Terre de Ruines" en bouquets, aux couleurs de l'amitié vécue et vive, étendue aux ami(e)s communs. En voici les nuances : la poésie et les lectures nourricières ; les villes et voyages ; la vie à Paris ; la musique et le piano ; la philosophie ; nos fils ; les quêtes et états d'âme.



J'ai désiré vous en offrir quelques extraits, qu'elle a relus, icebergs visibles,  d'une amitié unique, celle que je sais avoir connu une seule fois, dans ma vie.

Elle m'était proche, parce que lointaine et toujours là.
Je loue sa force, son courage, sa délicatesse.
Elle est ma lumière.








"Je pense à toi (et à tes garçons) sur ces routes du monde et de l'amitié, priante comme je pense à ceux qui tiennent la main du Ressuscité- fermement !
Beijinhos"


samedi 8 mars 2014

LONGUE VIE à TERRE DE RUINES !



C'est le souhait que je formule pour mon dernier livre, un peu provocateur.


Il ne vous a sûrement pas échappé que le titre était quelque peu...comment dire ?...Peu alléchant, certains diraient peu vendeur...





Peu m'importe ! Il ne faut pas s'arrêter au titre, et même...

Pour ma part, je l'apprécie de plus en plus, il me sied à merveille ; il a une réelle et forte identité. J'en viens même à le préférer à son aîné, Terre d'enfance, c'est dire !



Trêve de verbiage. Ce titre reflète parfaitement mon propos : du bien fondé des ruines.


J'ai, en quelque sorte, fait le pari que les ruines que je relate, que je fouille, que j'exhume, sortiraient, une fois écrites, comme embellies, renforcées, presque reconstruites, pour finalement devenir proches du dernier chapitre : "Eden d'amitié", là où ne reste aucune ruine, mais la force et la présence de l'amie de toujours.
Cela ne s'est pas fait sans difficultés, de tous ordres : celles contemporaines aux  récits et celles liées à la reconstitution de ces récits (en particulier "Ruines d'amour"). 

Il est aisé de comprendre que relire ses propres premières lettres amoureuses ne va pas sans un vertige, une confusion des temps, se trouver piégée par ses sentiments, ravivés par le présent.



                                 


Mais pourquoi vous exposer tout cela, avoir reconstruit ces ruines végétales, de chair, de vie, d'amour, d'amitié? La réponse est dans la question : qui n'a pas replongé dans le souvenir de son premier amour? Qui n'a pas connu la force d'une amitié de toute une vie? Qui n'a pas rêvé aux paradis perdus ?
Alors, je vous livre quelques extraits, les plus extrêmes peut-être, de ce que j'ai pu vivre, sentir, ressentir, rejeter, pleurer, douter, maudire, crier, aimer... et écrire.



"C'est là l'essentiel, l'état pur : au pied d'une grande croix en pierre, dehors, sur le tapis floral, je m'allonge et contemple les nuages.
Se défaire des vieilles peaux.
Laisser tomber le superflu, le flux, lâcher le monde.
Modeler la terre argileuse sortie du milieu du rocher, comme un acte de foi."

"Mois de mai, signes du paradis déconstruit, de l'amour premier désormais inaccessible : cette ruine du passé m'habite, en négatif, happée par la perte originelle.
Mois de l'entre-deux, entre le temps des deuils, l'hiver ravageur, la froideur enfouie au cœur des os, la noirceur des nuits, les larmes acides et la possible réalité d'une espérance.
Sans cesse, flotter entre deux eaux, celle du paradis désormais irrémédiablement perdu, et celle des amours trop réels, trop charnels ou sensuels. Entre le premier amour trop lointain et celui du Père, au creux de moi-même.
En mai, vision du pré de La Cabane : totalement perdu, hors du temps, de l'espace, une île d'arbres vivants, sous le vent d'Autan. Les herbes hautes flottent sous la brise, comme sous un souffle protecteur, murmurant ce que je ne peux entendre."

"Devenir rustique, brute, entière, fondamentale.
Avoir pour seul bruit le chant des oiseaux et des gouttes de pluie.
Être
là."

"Les grands tilleuls sont coupés et les châtaigniers ont éclaté sous le gel. Tous ont été brûlés, partis en fumée, comme les milliers de cibiches emplissant les poumons.
Dans cette prison de goudrons, de fumée et de bois sec : l' étouffement assuré. Il ne fallait pas de cendres, ni de poussières volatiles pour le poumon percé ; juste un bon feu qui emporte braises et étincelles vers les cieux, un feu qui purifie comme au premier jour, qui aurait réchauffé ses entrailles et son cœur transpercé de mille flèches.
Un feu à la brûlure identique à la morphine, blanche, raide, purificatrice."


"Ces ruines de lettres lyriques ont la force de redonner vie, lorsque le désir passionnel et fusionnel a cessé d'opérer à cœur ouvert." 
«Ne laisse pas ton désir et ta force t'entraîner
à suivre les passions de ton cœur.»
L'Ecclésiaste 5, 2

"Je sens et je sais que tu m'aimes.
Je sais quand tu le sens.
Je t'aime quand je sens que tu le sais.
Et quand tu le sens, tu penses que je sens encore plus que tu m'aimes. Et tu m'aimes encore plus.
Je te sens et t'aime encore mieux.
Je m'embrasse tes lèvres."

"J'étais bien avec toi parce que (peut-être à tort) je crois (pour reprendre l'expression d'Antonioni) que tu es de mon ordre. L'ordre de ceux qui ne veulent pas compter sur l'avenir pour dépenser (et faire croître) des énergies de vie et qui nourrissent en eux-mêmes quelque incertaine vérité, ouverte à l'erreur mais pas au mensonge, ouverte à la promesse, mais pas au compromis. Vérité de présence, de coïncidence, début de vérité, peut-être, tout est là.
Je crois aussi que tu es une amie, dans ce sens de l'Amitié que décrit Maurice Blanchot dans le texte que je t'envoie. Et ces mots, je voudrais qu'ils affluent ou peut-être qu'ils t'assiègent, ou encore qu'ils te soulèvent et te rendent si légère que, en traversant le pont de la Garonne, tu aies peur de t'envoler avec eux."





lundi 17 février 2014

Voilà : TERRE DE RUINES, pour vous

Alors imaginez ma joie ! 

Depuis que je vous en parlais : "Terre de ruines", le petit frère de "Terre d'enfance", si je puis le qualifier ainsi, vient de sortir !

Maintenant, je suis très impressionnée, surtout à l'idée que vous allez peut-être le lire...

Voici le lien vers les éditions Edilivre qui l'ont édité. D'ici quelques temps, il sera sur d'autres librairie en ligne ou pas... on verra cela plus tard, voulez-vous?

En attendant le lien pour le découvrir (un peu) :

http://www.edilivre.com/terre-de-ruines-1e6f585de0.html#.UwI_92J5M0k