...QUELQUES LIVRES AUTOBIOGRAPHIQUES SUR L'ENFANCE.
Ce choix est tout à fait personnel.
Commençons par l'écrivain Annie ERNAUX et son roman "La Place" :
"Un livre court, tranchant, pour explorer un univers familier: l'histoire de son père, paysan, ouvrier, patron d'épicerie dans une petite ville de province. Soixante-deux ans de la vie d'un homme en cent quatorze pages, cliniques et intimes à la fois. La décision ferme d'un écrivain qui décline la tentation du romanesque...
Ce travail entomologique, cette écriture qu'elle qualifie de plate, marquent un véritable changement littéraire. Mais le refus de la "poésie du souvenir" n'a pas grand-chose à voir avec la mode de l'autofiction qui apparaîtra quinze ans plus tard et qui - finalement - ressemble beaucoup au roman psychologique du XIXe siècle.
Désormais, le "je" sera à la fois elle et une autre, un cas individuel s'échappant vers le collectif. Le père, la mère, l'amour, l'avortement, la jalousie, la séparation, la passion, la maladie... tous ces thèmes, l'auteur va les dénicher au fond d'elle-même pour en faire des récits de vérité. "Si j'écris, dit Annie Ernaux au cours d'un entretien avec Catherine Argand dans Lire (en avril 2000), c'est pour sauver ce qui a lieu, le faire exister par l'écriture, essayer de comprendre, explorer ce que j'ai vécu sans le connaître."
http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/I11095690/annie-ernaux-la-place.fr.html
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Une autre écriture que l'on peut qualifier de plate, c'est celle de Patrick MODIANO, dans : "Un pedigree".
Quatrième de couverture :
" J'écris ces pages comme on rédige un constat ou un curriculum vitae, à titre documentaire et sans doute pour en finir avec une vie qui n'était pas la mienne. Les évènements que j'évoquerai jusqu'à ma vingt et unième année, je les ai vécus en transparence — ce procédé qui consiste à faire défiler en arrière-plan des paysages, alors que les acteurs restent immobiles sur un plateau de studio. Je voudrais traduire cette impression que beaucoup d'autres ont ressentie avant moi : tout défilait en transparence et je ne pouvais pas encore vivre ma vie."
"Encore un Modiano ? Oui, mais pas le énième et même roman (qui me séduit d’ailleurs chaque fois, me happant dans son mystère). Un pedigree est un morceau d'autobiographie sans fioritures, un relevé de souvenirs que le seul fil chronologique permet d’ordonner. Modiano met à jour, par un constat net et sobre, le filigrane de souffrance présent dans chacun de ses romans. Cette souffrance, c’est l’enfance, l’adolescence, cette immense période qui va jusqu’à sa majorité, les vingt-et-un ans d’alors - et qui se clôt, se résout dans l’écriture et la publication de son premier ouvrage."Un filigrane de souffrance par Jean-Jacques Nuel.
Un petit extrait :
"Je suis un chien qui fait semblant d’avoir un pedigree. Ma mère et mon père ne se rattachent à aucun milieu bien défini. Si ballottés, si incertains que je dois bien m’efforcer de trouver quelques empreintes et quelques balises dans ce sable mouvant comme on s’efforce de remplir avec des lettres à moitié effacées une fiche d’état civil ou un questionnaire administratif."
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Et enfin, Christian BOBIN, qui, en écrivant "Prisonnier au berceau. Traits et portraits" rend hommage à sa ville natale du Creusot, mêlant poésie et photos.
"Lire, confie Christian Bobin, c'est débroussailler dans son âme un chemin que les ronces et les arbres effondrés ont depuis longtemps recouvert, puis avancer jusqu'à découvrir un château en ruine dont les fougères sont les princesses et les liserons les sentinelles." Et de nous montrer dans ce récit autobiographique combien on ne guérit ni de son enfance, ni des ouvrages liés à elle, ni des lieux où l'on devient ce que l'on est. Avec son titre énigmatique Prisonnier au berceau s'ouvre sur un aveu qui le résume: "J'ai toujours habité deux villes: Le Creusot et la ville qui est au-dessus des nuages."
Minutieusement décrite la ville du Creusot, là où l'écrivain est né, fonctionne ici comme le "Rosebud" d'Orson Welles. Ce lieu fondateur où chaque rue de la cité, chaque recoin de mur, chaque monument renvoie à un évènement vécu par Bobin enfant, germe d'une œuvre littéraire à venir.
(critique de l'Express : http://www.lexpress.fr/culture/livre/prisonnier-au-berceau_810616.html).
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"Lire, confie Christian Bobin, c'est débroussailler dans son âme un chemin que les ronces et les arbres effondrés ont depuis longtemps recouvert, puis avancer jusqu'à découvrir un château en ruine dont les fougères sont les princesses et les liserons les sentinelles." Et de nous montrer dans ce récit autobiographique combien on ne guérit ni de son enfance, ni des ouvrages liés à elle, ni des lieux où l'on devient ce que l'on est. Avec son titre énigmatique Prisonnier au berceau s'ouvre sur un aveu qui le résume: "J'ai toujours habité deux villes: Le Creusot et la ville qui est au-dessus des nuages."
Minutieusement décrite la ville du Creusot, là où l'écrivain est né, fonctionne ici comme le "Rosebud" d'Orson Welles. Ce lieu fondateur où chaque rue de la cité, chaque recoin de mur, chaque monument renvoie à un évènement vécu par Bobin enfant, germe d'une œuvre littéraire à venir.
(critique de l'Express : http://www.lexpress.fr/culture/livre/prisonnier-au-berceau_810616.html).
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Alors, finalement, écriture plate, poésie, faire exister, sauver, retrouver quelques empreintes...l'enfance est là et ses lectures...Je vous invite à lire ce très beau passage de C.Bobin sur l'enfance et les débuts en lecture ("Une petite robe de fête).
Au début, on ne lit pas...
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