Les circonstances me poussent, une fois encore, à me remémorer un poème d'Alfred de Vigny, extrait de La Maison du Berger : Adieu, voyages lents...
Appris à l'âge de 10 ans, je vous propose (sans aucune vergogne!) les illustrations dont je l'avais orné, et si votre curiosité, ou sensibilité, ou méditation vous y poussent, voici quelques lignes sur ce recueil et un site sur Alfred de Vigny :
http://romantis.free.fr/vigny/html/destines.html
Poèmes de la condition humaine : Les Destinées.(1840-1844).
Le recueil s'ouvre tout naturellement avec le poème liminaire Les Destinées qui donne son nom au recueil et qui porte en épigraphe "C'était écrit". Vigny pose le problème de la condition humaine avec son fardeau de misère, est-elle inéluctablement soumise à une fatalité qui interdit toute espérance et rend vain nos efforts ?
Vient ensuite La Maison du berger, avec en épitaphe A Eva (Marie Dorval). Le philosophe sensible aux souffrances humaines se reconnaît la mission de guider ses semblables.
|
Vigny n'a écrit qu'un seul poème d'amour et c'est la Maison du Berger, un des plus beaux poèmes romantiques, long de 336 vers, le plus long du recueil des Destinées.
Ceci est un extrait.
Évitons ces chemins. - Leur voyage est sans grâces,
Puisqu'il est aussi prompt, sur ses lignes de fer, Qui va de l'arc au but en faisant siffler l'air. Ainsi jetée au loin, l'humaine créature Ne respire et ne voit, dans toute la nature, Qu'un brouillard étouffant que traverse un éclair.
Que la flèche lancée à travers les espaces
On n'entendra jamais piaffer sur une route
Le pied vif du cheval sur les pavés en feu ;
Adieu, voyages lents, bruits lointains qu'on écoute,
Le rire du passant, les retards de l'essieu,
Les détours imprévus des pentes variées,
Un ami rencontré, les heures oubliées
L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu.
La distance et le temps sont vaincus.La science
Trace autour de la terre un chemin triste et droit.
Le Monde est rétréci par notre expérience
Et l'équateur n'est plus qu'un anneau trop étroit.
Plus de hasard. Chacun glissera sur sa ligne,
Immobile au seul rang que le départ assigne,
Plongé dans un calcul silencieux et froid.
Jamais la Rêverie amoureuse et paisible
N'y verra sans horreur son pied blanc attaché
Car il faut que ses yeux sur chaque objet visible
Versent un long regard, comme un fleuve épanché
Qu'elle interroge tout avec inquiétude,
Et, des secrets divins se faisant une étude,
Marche, s'arrête et marche avec le col penché.
|
Bien entendu, je n'avais guère encore de notions de perspective... |
"Un ami rencontré,
les heures oubliées,
L'espoir d'arriver tard dans un sauvage lieu..."
A méditer...
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire