Groupe littéraire le plus ancien du champ contemporain français, l’Oulipo (Ouvroirde littérature potentielle) travaille depuis 1960 à une refondation de la littérature à l’aide de contraintes d’écriture souvent inspirées des structures mathématiques et ludiques.
Groupe d’écrivains (Perec, Roubaud, Caradec,Le Lionnais etc...) qui s’imposent certaines contraintes pour créer leurs œuvres.Parmi les contraintes (voir le site de l'Ouipo : http://oulipo.net) il en est une, inventée par Frédéric Forte : http://oulipo.net/fr/contraintes/99-notes-preparatoires"99 notes préparatoires à...".Elle "se situe entre le poème et l’essai, s’emparant d’un sujet donné et tentant d’en épuiser les potentialités par un jeu polyphonique".J'ai tenté cette écriture.
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99 notes préparatoires à la 99° note sur « c’est
comme ».
Dédiées à K.-
l’oulipien.
1/-99 notes
préparatoires aux 99 notes sur l’expression « c’est comme », c’est
comme se forcer à comprendre, et à comparer sans cesse.
2/-Lorsque l’on
dit « c’est comme », on
pense aussitôt à l’Italie, à son lac de Côme.
3/-« C’est
comme » est une 99° note précédant : « C’est ainsi ».
4/-On dit souvent
« c’est comme », pour des tas de choses, des tas de confusions, parce
qu’on ne sait pas quoi dire ; cette note le démontre.
5/-Avec « c’est comme », la comparaison est
très ouverte.
6/-Observation :
comme prend deux m, comme il y a deux 9
dans 99.
7/-Ceux qui disent
« c’est comme » feraient mieux de tourner 77 fois la langue dans leur
bouche.
8/-La comparaison dans
« c’est comme » est un alibi de divagation dans les 99 notes (ou
plus).
9/-Elle aimait dire
« c’est comme » pour parler de son cousin normand.
10/-« La terre est comme une orange bleue,
Lola » était son livre préféré.
11/-On ne trouvera pas
la « 99° note préparatoire : c’est
comme avec les levures », car l’auteur est décédé et s’est arrêté à la
70°.
12/-Il lui disait
souvent : « vos yeux, c’est comme un paysage choisi ».
13/-A
Caunes-Minervois, c’est comme à Côme, on aime le vin et d’autres
choses, aussi.
14/-Tout le monde peut
dire « c’est comme », sauf ceux, honnêtes, qui ne connaissent pas la
suite.
15/-99 notes
préparatoires « c’est comme », donnent lieu à 99 réponses à… C’est
comme une liste à deux colonnes.
16/-Les 99 notes « c’est comme » ne sont pas comme
celles auxquelles on pense.
17/-Comme, conne,
cotte, colle, …peut-on changer 99 fois ces deux consonnes ?
18/-Il aimait à dire
que « écrire ces 99 notes
préparatoires », c’était comme se plonger dans un livre de cuisine de T.Marx.
19/-Les 99 notes
préparatoires aux 99 notes sur « c’est comme » porteront, en partie,
sur l’inutilité de la comparaison.
20/-Comparer, c’est
comme comparaître.
21/-La comparaison
jaillit, association de pensées souvent illogiques, sans ordre et s’arrêtant
bien avant la lecture des « 99° notes préparatoires à c’est comme ».
22/-La comparaison
« c’est comme » devrait être dada, surréaliste, illogique, lyrique,
fantaisiste, poétique, fantastique, illuminatrice, révélatrice, richissime…ou
pas.
23/-Les "99 notes
préparatoires » c’est comme une introduction ennuyeuse à la poésie de
Rimbaud traduite en albanais.
24/-Le chiffre de 99,
c’est comme 2 x 9 : plus simple.
25/-La comparaison est
toujours une échappatoire, une trahison, une élucubration, une faiblesse non
avouée, une fuite organisée, un surplus inutile.
26/-Comparer, c’est
régner.
27/-Ma mère use aussi
de ce « c’est comme » pour évoquer des tas de personnes inconnues,
habitant à des années lumière et aussitôt oubliées.
28/-C’est comme :
serait-il nécessaire pour perdre son auditoire ?
29/-Dire souvent
« c’est comme » pour les enfants.
30/-La comparaison
sera toutefois courte, circonspecte.
31/-Comparer, c’est
provoquer en duel.
32/-La comparaison est
en quelque sorte mère de tous les vices : aplanir, confondre, mélanger.
33/-La comparaison est
l’ennemi de l’identité nationale.
34/-99° note
préparatoire : la 34°, c’est comme la pause nécessaire.
35/-Que dire du
célèbre « Comparateur d’esprits », inventé par le non moins célèbre
Pancral à la fin du 17°s. (cf. Mémoires de l’Académie des sciences, vol.XCVII,
série B, p.560-601) ?
36/-3+6 font 9, mais pas
99 (notes préparatoires). Voilà un calcul sinon juste, du moins objectif.
37/-Organiser la
comparaison : à travers les siècles, les genres, les courants littéraires
et artistiques, les théories scientifiques…Tel sera le propos de la « 99°
note préparatoire ».
38/-Il ne faut pas
confondre comparer et parader.
39/-Les 99 notes
préparatoires sur c’est comme s’attacheront (en partie) à développer
l’opposition voire la contradiction
entre être et commettre.
40/-La comparaison
limite-t-elle l’existence ? Ou bien, la comparaison ouvre-t-elle à l’inexistence, le néant ?
41/-To be or to compare?
42/-“C’est comme” nous
prend par la main avec son “com-com, patapon”.
43/-Einstein a-t-il
exprimé une théorie relative à c’est comme ? A voir.
44/-J’aime l’idée que « c’est
comme… » adoucit le cours des jours.
45/-Dire au moins 99
fois par jour « c’est comme », et voir l’effet produit. Ne rien présupposer.
46/-99 notes
préparatoires « c’est comme » tous les chemins mènent à Rome (ou à
Côme).
47/-« C’est
comme » est-il une facilité de langage ?
48/-Ces 99 notes
préparatoires sont-elles comme les 99 notes elles-mêmes ? C’est une
question incontournable à présent.
49/-C’est comme permet
de créer quelque chose à partir de l’existant et de faire preuve d’imagination,
lorsque la réalité fait elle-même défaut et glisse sous nos pieds.
50/-Imaginer un objet
ou une situation définis à partir de « 99 x c’est comme ». En 99
lignes.
51/-Comparer, c’est
l’imagination au pouvoir. Mais quel pouvoir ?
52/-Comparer tout et
surtout son contraire.
53/-Ces 99 notes
préparatoires sur « c’est comme » vident le contenu de ces 3 mots.
54/-Il ne sera plus
nécessaire de porter son attention sur cette expression, mais plutôt sur ce qui
suit (si possible).
55/-99 idées de
fioritures dans « c’est comme ».
56/-La comparaison
fondatrice dans mon apprentissage de la lecture avec « Poucet et
l’écureuil » : l’image du point sur le i, c’était comme la lune sur
le clocher de l’église (du village).
57/-Etude
pratique : la Grande Galerie du Louvre (le dimanche de gratuité), c’est
comme le hall de la gare de Montparnasse (les bagages en moins, bien sûr).
58/- Comparer n’est
pas créer, mais plutôt jouer.
59/-L’expression
« c’est comme » est généralement assez peu usité.
60/-Il faudra
déterminer si :
-elle limite la pensée, en
dénotant un faible champ d’investigation et lexical
-ou bien si elle formate une pensée, en conditionnant les associations (ce
qui est sensiblement différent).
61/-Comme c’est
bizarre ! marque l’étonnement et non la comparaison.
62/-Le champ lexical
de comme (à ne pas confondre avec le champ de navets).
63/-Comment,
communauté, communion ou commission n’en font pas partie.
64/-99 pré-notes à
dire 99 fois : « c’est comme », à la fin de chaque note, à la
lecture.
65/-Notons : 99
fois, c’est comme 9 x 11 ou (9 x 9) + 18.
66/-C’est presque
comme 99, à l’envers.
67/-La plupart de
temps, il s’agit d’une expression d’une absolue affirmation, sans
questionnement, sans la place d’un doute.
68/-Les expressions
sont très personnelles. Celle-ci caractérise XXX.
69/-En science
physique, on n’emploie guère « c’est comme » dans une démonstration.
70/-En poésie non
plus ; nul besoin, elle est omniprésente.
71/-L’essentiel n’est
pas comme.
72/-« C’est
comme » : c’est trop con.
73/-On emploie souvent
« c’est comme » ; dire « c’est pas comme » est moins
élégant.
74/-Ne pas confondre
« c’est comme » et ce qu’il ne dit pas, à savoir : « c’est
le même que ».
75/-Comparer n’est pas
égalité, encore moins fraternité.
76/-Question
importante (mais totalement hors propos), l’amour est-il oulipien ?
77/-A y réfléchir
sérieusement, l’expression « c’est comme » n’est pas aussi fréquente
que la simplicité de sa formulation ne le laisse supposer.
78/-Autre question,
tout aussi essentielle : la vie est-elle comme une toile qui s’assombrit
et comme des lettres qui s’emmêlent ?
79/-C’est comme si ma
tante en avait.
80/-Tous contre
« c’est comme », tout contre, comme l’huître lovée sur sa perle.
81/-Comparer, c’est
diviser (ou ôter) dans tous les cas, éroder l’insondable mystère de toutes
choses et des êtres qui les enveloppent.
82/-Vive la vie, les
discussions, les personnes libérées de leurs « c’est comme ».
83/-Ecrire, c’est
révéler et se libérer. Dire, c’est comme
dessécher le suc de cette libération, de cette création pour s’enfermer dans un
jardin surveillé.
84/-A l’inverse, il
est important d’introduire délicatement la notion de « c’est comme »
dans l’écriture et le discours, comme une immense fenêtre ouverte sur le bleu
de la mer infinie, un soir d’août à Cadaquès.
85/-L’exemple tue là
où la comparaison habille.
86/-Les enfants disent
« on dirait que… » en voulant souvent dire « c’est
comme… ». Le jeu de la comparaison…
87/-Je est une autre
comparaison.
88/-Au commencement,
est-ce toujours comme ?
89/-Doublons les
consonnes de comme : conne (facile, celle-là, mais très misogyne), colle,
corde, copte, cocke, codde, corre, corce, cojje, colpe, comse, coppe, colpe,
cowbe, cobce, corbe, codne…etc et trouver l’étymologie.
90/-A l’approche de la
fin des 99 notes sur « c’est comme », c’est comme lorsque le train
rentre brusquement dans le tunnel, que les vitres vibrent d’un coup sec, le
temps de lever le nez de son livre, comme l’oiseau lorsqu’il a bu.
91/-Aura-t-on présenté
l’essentiel de ce que l’on peut extraire de cette banale expression ?
Je ne le crois pas,
c’est comme vouloir essayer de presser une orange jusqu’à la peau : une
part de la pulpe de fruit reste irrémédiablement unie au zeste.
92/-En matière
historique, cette expression révèle la plupart du temps une forte tendance à
l’anachronisme, l’ethnocentrisme, le débilisme.
93/-Se recentrer
procède du mouvement inverse que comparer (surtout se comparer).
94/-De toutes les 99
notes préparatoires, celle que je préfère, c’est la dernière.
95/Si le Chaperon
rouge, faute de marquer son profond étonnement avec force « comme vous
avez… » avait établi des comparaisons sur le Méchant loup, le conte aurait
gagné une dimension poétique, moins brutale, et surtout aurait écarté les
terreurs enfantines.
96/-« C’est
comme » renvoie toujours à une petite échelle personnelle d’infinies
graduations et de nuances seules compréhensibles par celui qui compare, et
encore, pas sur la durée, car cette
échelle, ce réservoir d’échantillons fluctuent, changent et sont régulièrement
effacés de la mémoire, comme les traces sur le sable après la marée.
97/-L’Oulipo est-il
comme un état ‘esprit intemporel, ancien et moderne, celui du rire, de
l’absurde qui irriguent nos vies ?
98/-J’aime à penser à
toutes et tous ceux que j’aime, comme s’ils étaient des animaux.
99/-« C’est
comme » la fin dans un livre ou dans un film. C’est très important, le
dernier mot, la dernière image, mais avec le temps d’autres prennent la place.
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