Portraits sur mon cahier noir
Comme sur un tableau noir
Voici les portraits de personnes rencontrées
Comme des esquisses, vite ébauchées
Instantané d'émotions variées
Palette de mes jours et de mes nuits
Traits de visages ou d'êtres retrouvés
Dans les mascarons des façades
Du musée des beaux-arts de Dijon
(en particulier)
Tout d'abord, B. qui m'a inspiré en premier cette galerie.
B.
Petits
pieds précipités,
Mains
et gestes discrets.
Et
à présent, le seul battement des cils
Comme
épanouissement de l'âge mûr.
Murmures,
précisions, mutismes,
Effacement
volontaire, silence de protestation :
Le
regard triste et limpide,
La
bouche et le buste sensuels
Comme
une fleur de
Véronique.
D.
Le
rire et les tourbillons.
Les
paillettes dans les rayons du soleil de l'Afrique.
La
force de caractère et le travail ne te
Lâcheront
pas.
Exister
pour travailler, aimer et
Éduquer
Jeanne.
La
liste s'allongera.
Tu
resteras à courir.
J.
Tu
ris, en penchant la tête en arrière.
Mais
oui, c'est très drôle
D'écrire,
de vivre, d'enseigner.
De
longs foulards en frivolités féminines,
Tes
pas sont mesurés,
Ton
écriture amoureuse
Et
les ami(e)s, jamais oublié(e)s.
L.
Avec
ses poneys pas paumés du tout
Dressés
pour ne pas devenir des poneys tamponnés
Des
mots, des galops, des trots,
Les
mêmes rires et délires,
Dédiés
à ses chevaux, ses femmes
Ses
enfants
Et
ses copains de bringue.
Un
peu déglingue,
Mais
toujours l’œil,
Et
le bon mot,
Droit,
direct et cavalier.
Jean-Louis
(posthume)
La
tête penchée, cherchant à comprendre,
La
blague lâchée, suit un chapelet drôle
Faisant
secouer ses épaules en rigolant.
A
la main, toujours une cigarette allumée
Consumant
son travail, son souffle de vie
Mais
pas ses angoisses ni ses doutes.
"Toi,
le frère que je n'ai jamais eu"
Frère
comme on manque son ombre
Comme
on passe juste à côté de paroles et de
Gestes
sincères.
Mais
le regard a suffi, jusqu'au bout.
Félix
(1)
Né
premier un jour initial
Vigueur
à grandir
Splendeur
de tes premiers mots
Et
intelligence de tes propos.
Puisse
ton Saint t'apprendre
La
patience, la liberté, l'honnêteté
Et
l'Amour,
Que
j'ai égrenés en toi.
Félix,
si surprenant, si mâture
A
jamais mon enfant.
Félix
nucléaire (2)
Il
y eut les inventions
Les
très nombreuses explications
Sur
les avions de chasse
Sur
le moteur à quatre temps
Et
les figures en BMX
Technique
et sciences physiques
Ont
pris le pas, avec les maths.
Calculs,
analyse et stratégie
S'associent
dans ses propos
Clairs,
efficaces, cohérents.
Tu
évolues là où tu es à l'aise
Ingénieux
ingénieur du nucléaire !
Que
ta démarche ne t'éloigne jamais
Des
premières découvertes des premiers pas :
Libre,
précoce, intelligent, confiant
Lumineux.
Simon
(1)
La
ruse, la tendresse et l'énervement
Comme
couleurs de tempérament.
Hyper-sensible,
Simon-de-Montfort-Massip :
C'est
lui mon lecteur.
Il
a mené sa barque
Contre
vents et marées
Courageusement.
De
ses belles boucles brunes et longues
A
sa tonsure militaire
Il
va d'un extrême à l'autre
Fidèle
aux siens.
Madame
l'hôtesse d'accueil à la banque
Blonde,
elle a du peps'
Et
je ne manque pas d'observer
L'élégance
de ses chemisiers
Au
décolleté juste correct,
Les
bijoux nécessaires et accordés
Les
bracelets en or qui garantissent
Le
sérieux de la banque
et
les montants qu'elle écrit sur le bordereau.
Le
maquillage n'est pas surfait.
Tout
est dans la tenue,
Ferme
sans ordre
Digne
sans hésitation
Polie
sans condescendance.
Tout
un art naturel et sobre
De
l'accueil.
Simon
(2) à Autun
Tenue
bleue et béret si impeccables
Allure
dynamique et ferme.
Souvenirs
de forêts, de pentes et de boues
A
coup sûr d'efforts très physiques
De
questions qui ne se posent plus
D'un
corps autre que celui de l'adolescence
D'un
chef de corps si cadrant et droit.
Simon
parait avoir fait un parcours
D'endurance
qui le grandit
Lui
enlève toutes tensions, hésitations et
Violences.
Le
voilà, avec son "père-tradi" :
Puisse-t-il
être plus près de notre Pater familias,
Notre
grande famille qui est celle de
L’Humanité,
Que
la Vierge protège en son manteau !
Vie
de groupe
Vie
de troupes
Communauté
de chambrée
Temps
rythmé.
Amitiés
viriles et fortes
Travail
accompli
Ardeur
du courage
Évidence
de la politesse
De
la cohésion.
Cela
lui manquera, à présent,
Dans
la vie quotidienne.
Il
est là dans une communauté
Telle
que je rêve d'intégrer
Celle-là
militaire
Celle-ci
religieuse
Essentielles.
Caissière
du supermarché
Sa
tête semble avoir été posée
Sur
ses épaules
Tant
l'artifice l'a modelée.
Teinte
blonde, mise en plis
Longs
cils et rimmels
Rouge
à lèvres et fond de teint
Qu'y
a-t-il comme
Détresses
Là
dessous ?
Les
grands yeux bleus perdus dans le vide
Ne
disent plus bonjour
Peut-être
un au-revoir permanent ?
Jeannot
Montagné
De
celui qui a travaillé dur
Maîtrisé
sérieusement
Et
jardiné amoureusement.
Il
a des propos directs
Une
voix puissante
Des
mains qui coupent
et
tranchent.
C'est
un roc, un chêne
Planté
face à la
Montagne
Noire.
Priant
au Désert
L'œil
humide.
Pas
de A.Le.
A
Paris,
En
dehors de lui
C'est
fini
Les
souvenirs sont vides
Le
présent à Paris sans lui, toujours
Me
portent ailleurs.
Absent
Partout
Une
ombre, des traces, des pas
Mais
pas de paroles
Nulle
émotion
Aucun
sens
Pages
tournées par le vent
Par
la pluie
De
la nuit d'été.
« Tu
ne connais pas Paris
Tu
ne m'y as pas connue ».
Servante
d'autel : un ange
Il
est des visages inconnus
Jusqu'à
l'âme
Au
creux du cœur
Devant
lesquels on reste bouche-bée, aimanté.
Force
de leur pureté
Profil
grec, lisse mais non enfantin
Traits
simples et droits
Grands
yeux
Comme
dessinés par Matisse.
J'ai
lu le visage de Margot
Dans
son intensité
Souhaitant,
ô combien !
Que
le temps ne l'altère
Que
le Seigneur qu'elle sert
Ne
fasse que préserver sa finesse volontaire
A
chaque âge de sa vie
Tout
en songeant
Ici-même
Aux
traits de mes quinze ans...
Eric C.
Avec son nom
comme un voyage
Il est féerique.
Il prend sur
lui tous les mots usés,
Maltraités,
criés, handicapés, murmurés,
Emmurés et
surtout improvisés que
Nous
agençons sans composition,
Décomposant
avec douceur
Nos
attitudes et expressions.
Il nous mime
Et nous
rimons tous
Par touches
Alchimiste
des êtres cadencés
Des mots
écoutés
Ses yeux au
regard empreint d'une
Lueur
existentielle d'inquiétude
Effleurent
Nos gestes
d'écriture.
Savant
slameur magnifiant nos spleens !